Du 26 au 28 mai, Aya Nakamura a brillé lors des trois concerts qu’elle a donné à l’Accor Arena de Paris dans le cadre de sa tournée DNK Tour, faisant suite à la sortie de son album le 27 janvier. Les billets pour ces concerts se sont vendus en seulement 15 minutes au début du mois de février, ce qui lui a valu d'obtenir un Ticket D'or, une distinction accordée aux artistes dont les places se vendent le plus rapidement. Elle est d'ailleurs la seule artiste française à avoir reçu ce titre !
Une semaine plus tard, elle a livré une interprétation remarquable de ses titres les plus connus lors de la finale de The Voice diffusée sur TF1.
Malgré sa performance exceptionnelle, Aya Nakamura a de nouveau été la cible de critiques. L’exemple le plus éloquent de ce manque de respect a été donné par Nicoletta, une ancienne chanteuse française connue pour son interprétation de la chanson « Mamy Blue », qui a violemment critiqué Aya en déclarant :
« (…) Elle ne chante pas bien, elle remue ses fesses sans arrêt. (…) Elle frôle son sexe sans arrêt. (…) Pour moi, c'est pas de la musique. C'est de la vulgarité ! (…)».
Cette remarque insultante est symptomatique du racisme latent qui entoure l’ascension fulgurante d’Aya Nakamura. Depuis le début de sa carrière, cette star internationale est victime d’une multitude de commentaires racistes, sexistes et classistes émanant de détracteurs qui cherchent constamment à minimiser son talent ou saper son succès. Sur les réseaux sociaux, ou dans les médias traditionnels français, ces architectes de la haine s’appliquent à la ridiculiser, à la caricaturer ou à la dénigrer, en perpétuant des stéréotypes et des préjugés néfastes.
Anne Roumanoff a ensuite pris position pour soutenir la chanteuse. Son analyse met en lumière les raisons sous-jacentes qui expliquent le mépris dont Aya fait l'objet en France :
« Elle est très originale, elle est féministe, elle est libre et sexy. Elle envoie chier tout le monde, elle a de l'humour, elle est très intelligente. Je trouve qu'en France, il y a un mépris pour elle parce que c'est une femme, parce qu'elle est noire et parce qu'elle n'a pas les codes de certains trucs. Ça m'énerve quand les gens ont une espèce de mépris. Mais ferme ta gueule ! Elle est beaucoup plus intéressante que plein de chanteuses devant lesquelles tout le monde se prosterne. Elle a une énergie et un public. Je la trouve incroyable. Je l'adore ».
En effet, qui imaginerait un tel déferlement de haine envers des chanteuses francophones blanches comme Mylène Farmer, interprète du titre “Libertine” ou plus récemment Angèle ? Pourtant ces artistes jouissent de la liberté de se vêtir, de danser et d’interpréter leurs chansons sans qu’on questionne leur statut d’artiste ou qu’on les qualifie de “vulgaires”.

Aujourd'hui, Aya Nakamura est l'artiste francophone la plus écoutée à travers le monde. Issue d'une famille de griots, sa musique est un savant mélange de R&B, de hip-hop, de pop, d'Afrobeats et bien plus encore. Son catalogue de morceaux compte pas moins de 6 milliards de streams sur les plateformes d'écoute, tandis que ses clips cumulent 3,5 milliards de vues sur YouTube. Sa notoriété s’est également concrétisée par des reconnaissances telles que son titre d'artiste féminine de l'année lors de la cérémonie des Flammes, qui célèbre “les cultures issues des quartiers populaires et la créativité de celles et ceux qui les font grandir”.
Comment est-il encore concevable qu’une artiste de cette envergure face l’objet d’un tel manque de respect, d’une telle haine et d’un racisme aussi banalisé dans le paysage français ?

Depuis le début de sa carrière, Aya Nakumura, a été systématiquement réduite à des stéréotypes dégradants lors de ses interventions publiques, la renvoyant tout à tour à l’image de la femme noire en colère, de la diva capricieuse ou impolie, de la bête sexuelle ou de l'imbécile. Ces stéréotypes déshumanisants la ramènent constamment à son origine, à son apparence physique ou à sa façon de s'exprimer, comme pour mieux la marginaliser et la renvoyer à son altérité.
Sa musique est aussi constamment dévalorisée par ses détracteurs qui critiquent ses paroles, les qualifiant de vides et prétendent qu'elle ne parle pas le français. De nombreux articles ont dénoncé l'utilisation de nouvelles expressions dans ses chansons, ridiculisant ses paroles sans jamais considérer que cela puisse être une forme d'expression artistique légitime comme cela a pu être le cas avec l’argot pour d'autres artistes francophones du passé, tels que Gainsbourg, Brassens ou Renaud. Étonnamment, les médias français n'ont jamais fait autant d'efforts pour interpréter ou comprendre les paroles d'une artiste. Alors que certains artistes bénéficient d'une certaine immunité créative grâce à la reconnaissance poétique de leurs œuvres, Aya doit faire face à des journalistes qui lui demandent d'expliquer le sens de mots tels que "Pookie" ou "Djadja"…
Ainsi, il semble que ce qui dérange réside dans le succès d'une femme noire, d'origine africaine, issue de banlieue, qui est talentueuse et confiante en elle-même. Il semble que quoi qu’elle fasse, Aya sera toujours “trop” ou “pas assez”. Heureusement, Aya bénéficie d'une fan base solide. Elle est un modèle pour de nombreuses filles et femmes, en particulier noires, qui peuvent s'identifier à elle et s'en inspirer.
Et si vous souhaitez la voir se produire cet été, elle se produira en France (Dijon, Marseille, Reims, Nancy, Arras, Les Vieilles Charrues, Lollapalooza, Carcassonne), au Portugal (Afronation et Sumol Summer Festival), en Belgique (Les Ardentes) et au Canada (Osheaga Festival).